Ponts et Balises – Radicalisation(s) Module 4
« Ponts et Balises » est développé par l’IRTS des Hauts de France en partenariat avec le Cinquième Pôle, dédié à l’innovation responsable.
Radicalisation(s)
Avec un phénomène comme Al-Qaïda ou Daech, soi-disant État Islamique, mais aussi avec des attentats meurtriers qui ont frappé la France et l’Europe, le mot de radicalisation s’est imposé à tous. C’est un mot qui n’est pas facile à appréhender car finalement, « qu’est-ce qu’être radicalisé ? »
On pourrait dire que dans les années 1960, les jeunes gens qui se reconnaissaient dans le maoïsme ou dans le castrisme pourraient apparaître comme des marxistes radicalisés. On peut voir ici et là les groupes dits identitaires tentés par la violence contre les jeunes immigrés, dont on peut dire qu’ils radicalisent certaines idées de l’extrême droite. Mais en fait dans les médias, dans les opinions, le radicalisé, c’est le musulman radicalisé.
Alors il faut essayer de comprendre ce phénomène dans sa complexité, car dès qu’on a une explication, on a d’autres faits qui invalident cette explication. Certains disent que la radicalisation est liée aux conditions sociales, ce sont des jeunes qui viennent des quartiers prioritaires. Or, ce n’est pas toujours vrai. On dit que ce sont des gens qui fréquentent la mosquée mais parfois ce sont aussi des familles de classe moyenne de tradition chrétienne qui voient leurs jeunes adolescents basculer. On dit que ce sont des gens qui sont passés par Internet, mais ça peut être aussi un groupe de copains dans le quartier qui s’enflamment et entrainent du monde dans cette spirale. Quand on regarde qui sont les jeunes radicalisés suivis par les cellules d’accompagnement, on s’aperçoit que d’abord, ce sont des très jeunes gens et souvent des jeunes filles. Fethi Benslama vient de montrer que la radicalisation ne pouvait pas se comprendre sans une réflexion sur les difficultés pour un adolescent de se situer dans la société des adultes. Qu’est-ce qui fait l’unité de ce phénomène de la radicalisation ?
D’abord, on peut dire que c’est une certaine forme d’engagement total jusqu’à la mort, et donc une certaine disposition psychologique qui n’est pas forcément partagée par la majorité. On s’aperçoit aussi que c’est un univers de représentations, un univers cognitif. C’est une pensée extrême. Elle ne laisse aucune place à la contradiction mais laisse toute la place aux complots : tout ce qui vous disent les institutions, c’est faux ; cet univers paranoïaque structure les comportements radicalisés. Et le troisième secteur d’unité de la radicalisation, c’est le fait que ces jeunes prennent au sérieux la promesse de l’Etat Islamique. C’est-à-dire la promesse de réalisation du Califat, une voie glorieuse vers une vie qui a enfin un sens.
Alors toute l’Europe réfléchit à une question simple : comment récupérer ces jeunes qui ont été radicalisés ? Comment empêcher les jeunes de basculer dans la radicalisation ? Quand on voit que ça peut se faire rapidement, que ce n’est pas toujours détectable, parce que ce ne sont pas toujours des jeunes qui ont connu la délinquance ou des difficultés sociales. Donc aujourd’hui, beaucoup d’expériences sont menées en Grande Bretagne, au Pays bas, en Allemagne, en France pour mettre en place des dispositifs pour comprendre cette maladie qui s’est emparée de l’Europe, la France et la Belgique en premier.
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Comprendre la radicalisation
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Autour d’un café avec Gérald Bronner – La pensée extrême
Comment expliquer la rationalité paradoxale de ceux qui s’abandonnent à la folie du fanatisme ? Gérald Bronner défait un certain nombre d’idées reçues sur leur profil et leurs intentions, à travers l’exploration d’un univers mental mal connu et qui, à juste titre, fait peur.
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La radicalisation, un mal démocratique
Antoine Garapon reçoit le sociologue Farhad Khosrokhavar, pour essayer de comprendre avec lui les racines de la radicalisation.
Le terrorisme n’est pas l’apanage des démocraties. Pourtant, c’est chez elles que les attentats sont les plus déstabilisateurs. On a baptisé « radicalisation » ce phénomène qui affecte de plus en plus de citoyens (et non plus seulement les jeunes hommes issus de l’immigration, et mal intégrés). Que veut dire ce terme au juste ? Comment expliquer son processus ? Quel est son lien avec les démocraties ? Comment espérer sinon l’éradiquer au moins le réduire ? « Une démocratie doit être concomitante avec une utopie (…), on est dans des démocraties fatiguées, où il faudrait réapprendre le « savoir vivre ensemble » … Toutes ces sociétés souffrent de l’absence d’utopie, nous sommes dans une sorte de vide… » , expliquera Farhad Khosrokhavar, en contemplation à l’écoute d’un extrait du Stabat Mater de Pergolese (« ‘Inflammatus et Accensus »). Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur cette question de la radicalisation – notamment Radicalisation (éd. Maison des sciences de l’homme, 2014) – et publie, dès octobre 2016 un ouvrage sur la prison.
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Un supplément d’âme dévastateur
L’avis du psychanalyste Fethi Benslama.
La tragédie actuelle qui frappe bon nombre de jeunes musulmans, résulte, selon le psychanalyste Fethi Benslama d’un discours culpabilisateur qui a fait « intégrer » l’idée à cette jeunesse qu’elle n’est pas assez musulmane. Auquel cas, il faut pallier ce manque et compenser par un excédent d’islamité. Ainsi la normativité religieuse canonique devient aliénante et le ritualisme tatillon de plus en plus desséchant. Dans les cas extrêmes, le fanatisme conduit à verser dans la terreur abjecte.
Avec Fethi Benslama, psychanalyste, professeur à l’université Paris Diderot
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Conférence de Farhad KHOSROKHAVAR du 23/02/2016 à l’IRTS Nord-Pas-de-Calais
Les formes de radicalisation islamistes : Qui se radicalise ? Comment ? Pour quelles raisons ? Quels rôles jouent l’idéologie, le contexte politique, la situation sociale et la religion ?
Intervenant : Farhad KHOSROKHAVAR, Sociologue et Directeur d’études à l’ERHESS et du CADIS.
Cette conférence a été proposée par le collectif « Ensemble on fait quoi ? ».
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Conférence de Gilles KEPEL sur le thème de la radicalisation, 19/03/2016, salle du gymnase à Lille.
La coopérative d’idées et d’actions Renaissance Lille, a organisé le 16 mars 2016, salle du Gymnase, place Sébastopol à Lille une conférence débat de Gilles KEPEL, Professeur des Universités à Sciences-Po Paris sur le thème de la radicalisation.
« Après le choc des drames de 2015 ayant durement frappé notre pays, une réflexion intense s’est ouverte sur les racines de la radicalisation et sur les moyens de la faire reculer.
Comprendre, expliquer, combattre, comment éclairer ce débat au coeur des politiques publiques ? »
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Plan national de lutte contre la radicalisation
Texte
Les principaux points du plan anti-radicalisation dévoilé par Édouard Philippe
Sensibiliser dès l’école, adapter les prisons…
Les principaux points du plan anti-radicalisation dévoilé par Édouard Philippe.
RADICALISATION – Édouard Philippe a dévoilé ce vendredi 23 février, à Lille, le contenu du plan national de prévention de la radicalisation. Voici quelques points -parmi les 60 présentés- du dossier intitulé « Prévenir pour protéger », dévoilé en exclusivité par Le Monde, puis précisé par Édouard Philippe lors de sa conférence de presse.
• Sensibiliser dès l’école
Édouard Philippe a annoncé un renforcement du contrôle des écoles hors contrat ( qui n’accueillent que 74.000 élèves mais sont en forte progression), et un exercice plus fréquent à l’école « de réflexion critique face à l’information », pour mieux lutter contre les théories complotistes. Il a également promis la création de nouveaux dispositifs de soutien à la laïcité et le renforcement de la formation des enseignants. Une amélioration de la détection dans les établissements et former les gendarmes et policiers intervenant à leur proximité.
Dans notre société, où les réseaux sociaux véhiculent informations mais aussi rumeurs et mensonges, il faut savoir trier, analyser, hiérarchiser, pour distinguer ce qui relève de la connaissance et ce qui n’en relève pas. #PrévenirPourProtéger #Radicalisation
• Création de 1500 places pour les détenus radicalisés
Plusieurs nouveaux quartiers vont être aménagés dans les prisons françaises pour isoler les détenus radicalisés des autres prisonniers, avec 1500 places créées dans des quartiers « étanches », dont 450 d’ici la fin de l’année, a annoncé vendredi Edouard Philippe. Les quartiers d’évaluation de la radicalisation (QER), où la dangerosité des prisonniers est évaluée pendant plusieurs mois, passeront de trois à sept. Deux quartiers de prise en charge des personnes radicalisées (QPR) doivent être créés en 2018, sur le modèle de celui existant dans la prison de Lille-Annoeulin.
Le plan acte également la création de trois nouveaux « centres de prise en charge individualisée » en milieu ouvert, qui s’inspirent d’un centre au Danemark. Ils concerneront principalement des personnes sous contrôle judiciaire, notamment des « revenants » des zones de combat jihadistes en Syrie et en Irak.
• Organiser un suivi pour la réinsertion des mineurs
Édouard Philippe a promis « une prise en charge au long cours et notamment un suivi psychologique » des mineurs de retour de Syrie et d’Irak, » pour faciliter leur réinsertion ».
En tout, 68 mineurs sont revenus en France depuis la zone jihadiste irako-syrienne et 500 enfants sont toujours sur place, selon les chiffres officiels publiés vendredi à l’occasion du plan de lutte contre
Pour la prise en charge des personnes radicalisées, notamment celles qui reviennent de Syrie et d’Irak, 1 500 places vont être créées dans des quartiers étanches. #PrévenirPourProtéger #radicalisation
• Collaborer avec les grandes plateformes internet pour identifier et signaler les personnes radicalisées
En appui de la campagne « Stop Jihadisme » lancée en 2016, l’exécutif veut aussi développer un « contre-discours » à la propagande jihadiste plus ciblé et moins institutionnel, ou encore à mieux coordonner les alertes sur la radicalisation dans les structures psychiatriques.
• Professionnaliser les acteurs locaux
Renforcer l’articulation entre santé mentale et prévention de la radicalisation au moyen de conventions-cadres entre les préfets et les agences régionales de santé. Établir un cahier des charges pour les dispositifs de prise en charge de personnes et d’accompagnement des familles. Mettre en place un centre de ressources européen sur la prévention de la radicalisation.
• Une meilleure détection dans la fonction publique
le Premier ministre a également annoncé le lancement d’une mission pour étudier les cas dans la Fonction publique en général.
« Nous devons envisager de pouvoir écarter de ses fonctions un agent en contact avec des publics sur lesquels il est susceptible d’avoir une influence, et dont le comportement porte atteinte aux obligations de neutralité, de respect du principe de laïcité, voire comporte des risques d’engagement dans un processus de radicalisation ».
La mission, confiée au ministre de la Fonction Publique Gérald Darmanin, devra rendre ses propositions d’ici fin juin.
• Anticipation, psychologie et psychiatrie
Mettre en place un réseau des cellules de prospective des ministères des affaires étrangères en Europe et avec les pays voisins des territoires ultramarins concernés. Financer des thèses sur la prévention de la radicalisation. Organiser à l’automne des états généraux de la recherche en psychologie et psychiatrie sur le phénomène.
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